Les eucalyptus pointaient vers le
soleil, les racines fermement plantées dans le sol aussi sec que les
feuilles grises et longues qui le jonchaient. Le long de la nationale
tremblotaient des bâtisses éventrées par le temps et ses
intempéries, témoins d'une ère révolue, où
l'on quittait la façade atlantique de la péninsule ibérique.
L'empire flamboyant, aux frontières
pourtant si vieilles, n'avait pas su être à
l'heure du jour, alors ses habitants le laissaient pour d'autres
pays, pays où l'on vivait
souvent avec une heure d'avance.
Mais même en ces apparences désolées,
notre parcours familiale fut pavé de joies et de danses, de vies de
bonheur cristallisées au pied de l'autel. Oui, tel était le voyage,
régit par les rires des ainés et des jeunes, par les dents de lait,
de bagues et de couronnes. Tout dansait, au mitan de la nuit
pluvieuse d'été, entre les vins verts et les volumes citronnés de
Cachaça. Les rythmes latinos et caribéens épousaient si bien nos
pas d'européens, contre toutes attentes. Pourquoi parler quand on
peut danser, sourire, se tenir la main et se regarder ?
Les retours de fêtes sont toujours si
agréables, on peut y voir les paysages défiler aux éclats de lune
et de lampadaires et nous apporter les conseils que la nuit ne nous
délivreras pas, trop occupée à
nous bercer et à nous
border.
Arthur Levassor