jeudi 23 décembre 2010

Illumine

Illumine d'un pas délicat,

Ici, là, où que ce soit

Et le sol s'effondrera.


De cette douce neige

Cercle vermeil tu y verras,

Mais oublie-la.


J'étais là, ainsi, marchant. Toi à mes côtés, souriant. La nature sensible s'offrant, tranquillement à nos sens ébahis. Comment te dire ? Oui je repense au vieux poète. Il est mort loin, près de la mer, ces arbres il ne les a connus. Mais elle, au regard si doux, elle les connaît. Disant m'aimer, s'endormant, à mes côtés. Continuer après tout. Volupté abandonnée moi aussi je sourie. Désormais je revois Hermine. Elle vient là, me sourie un homme à son bras. Comment te dire ? Sûrement après tout, oui sûrement.

Le chemin était long, droit. A la manière d'une vague il s'étendait ; respirant pour finalement s'enfuir. Oui fuir, fuir loin de tout ça.


Compiègne 24/12/10

Thomas Debris.

lundi 13 décembre 2010

Fuite

Souvenirs décrépis, peau pourrie. Comment ? Comment... Aurais-tu pu fuir ?

Je regardais les jours s'étendrent, tranquillement. Amour, amour, aurais-tu pu fuir ?

Tant de moment,d'instants, ici ils s'écoulent. Deux petits yeux mouvant, une allure maladroite, des cheveux blonds. Une voix qu'un jour sûrement je reverrai. Aurais-tu pu fuir ?

Tu aurais du.

Va t-en ! Va t-en. Puis-je tout te cacher, te souffler. J'ai peur, au loin il crache une haleine immonde. Il me sourie et me crie, fini ?

Oui oserais-je espérer, qu'en as tu à foutre ? Rien, Ha ! Révolte, corps délabrant, crache. Oui crache... Ce soir tu ne me tiendras plus, de tes griffes je me suis enfui, enfin puis-je te le dire, enfin. As-tu connu ? Te souviens-tu ?


Thomas Debris

dimanche 28 novembre 2010

D'Éléments Naturels

Mi Noël Mi Rameaux.
Peu de sel, des larmes d'eau.
Pale au clair de lune
à fleur de peau les dunes.
Je te pris, sur le vif,
dans un manteau de poussière,
déchiffrer quelques runes,
épitaphes de notre ère.
Attend moi dans tes rêves,
allongée dans la laine.
Yeux fermés, secs, sans sèves.
Bouche ouverte et teint blême.
Je viendrais du Sud,
Tête couverte par des plumes,
oreilles percées, cheveux en ruine,
fatigué et las des courtes joies nocturnes.

Le jour où je fermerais les yeux
je verrai les nébuleuses dansantes,
les puits du temps et leurs fissures sans fentes.
Ici commencera le voyage,
regarder la terre, ensuite les nuages.
Ce possible départ nous excite
pendant que la fin prend la fuite.

Arthur Levassor

jeudi 4 novembre 2010

Orient

Comment faire ? Perdu dans ce monde où tout file, tout flamboie. Tu cries. Retrouver le ciel et puis la terre. Les voitures fusent, s'enfuient. Ici où tout s'enchevêtre, tout se superpose. En plein dans son coeur. Je t'aime. Se raconter, se rapprocher, près des étoiles. Moi, ton amoureux je succombe à ta malédiction, ta folie. Mais que dis-je ? Ton témoin je le suis, miracle, exception ! Te laissant sur la terre je t'invente une vie de poésie, d'amour et de prose. Ah mais vois-tu ? Cette mer, ce souk où tout débarque, vois-tu ? Vois-tu cet enfant au regard de pierre te demander à toi. Qui es-tu Homme, qui es-tu ? Tu te trimbales ici, chez moi avec ton triste costume. Parfois tout va si vite, le sais-tu ? Pardonne ce monde, cette chaleur, pardonne je t'en prie, je t'en conjure. Donne moi ton costume. Donne moi ta vie. Je ne peux. Parfois le monde est vide ne pourrais-je que lui répondre. Je pleure. Toi tout seul dans cette place. Quatre murs autour de toi, une larme dans le coeur. Pardonne moi, oh oui pardonne moi. Loin de chez toi j'aime, je me transporte. Comment te dire à toi ? Me comprendras-tu ? Ne pourrais-tu pas m'aimer ?

Thomas Debris

Révolte

Terreur mortelle, regard perdu on ne sait trop où. Comment dire, comment délecter cet instant, le savourer, le haïr. Au fond d'une campagne perdue on vous pendit. Un regard inquisiteur brûlant chaque parcelle, chaque lieu, l'unique espoir, instaurer cet être suprême. Colère, triste et affable colère. Tu tournes en rond, dans cette pièce tu caresses les murs, dans cette pièce tu lorgnes le plafond. Ce souvenir resplendit, mille couleurs, plage de sensations. Ces jours là le ciel était bleu, ces jours là le vent était bon. Il frottait tes cheveux, les collait à ton front. Tu espérais, qu'une envie alors. Briller. Ne pouvant imaginer la suite tu continuais, ne pouvant imaginer tant de meurtres, d'horreurs sublimes tu souriais.

Thomas Debris

dimanche 24 octobre 2010

Le Wagon

Mais quel détour pour une infime personnalité ?
attristée par les louanges grandioses des plus que fiancées.
Toi tu le vois le singe des mers !
A la prise du dernier métro,
tu traines des pieds pour attendre le suivant.
La rue t'attires autant que moi...
Pleine d'envies, de rires et de joies.
Allongées, face à moi,
au sol ou sur les sièges bleus de ma ligne.
Les cheveux coupés court,
faussement perdues mais sans doute heureuse.
Trois accords suffisent pour te décrire.
Le Sol pour les expériences et celles que tu désires,
le La pour tes yeux limpides et ton air franc,
le Mi final pour le panache et le mystère.

Arthur Levassor

samedi 2 octobre 2010

Ces Multiples Visages

Ces cheveux couleurs de roc,
animés dans la nuque
par un irrégulier tic-toc,
me reflétaient un duc.

Sa constellation sous les yeux,
englobée par les pommettes,
synonyme d'un ancien feu
à la fois glauque et champêtre.

Ces nuages bien précis,
enrobés par deux sombres marquages,
cachaient l'intellect de vie
des expériences sans ages.

Elle s'amuse au jeu de l'amour et de la vie,
Sans doute dans l'attente d'un quelconque salvateur.
Racolée, dans l'ivresse, à l'arraché des moeurs,
elle marche, transparente, et bientôt elle se meurt.

Voix lactée pulpée de sang,
sa cloche attrape la foudre.

Arthur Levassor

mardi 14 septembre 2010

L'or de mon ménage

Les joies pures passées
aux éphémères grises hivernales.
Pas de baroques, pas de toc,
des bilboquets hasardeux
dans les douces lunes de cristal.

Des plus parisiennes,
au début du mois infâme,
sur des trottoirs hermétiques
et des chaussures fines sans flammes.

De ces yeux noisettes
à ces collants noirs,
couverts de cheveux raides
et brodés d'un sourire.
Une amitié spontanée
comme un rire couleur saphir.

L'anniversaire inespéré
pour un gosse immature.

Arthur Levassor

lundi 23 août 2010

Douce Mélopée

Louise. B.

I.


Comment te décrire cette contrée ? Là où les peupliers sombrent ; s’enfuient, je ne peux rien, rien te dire. Fin royale tu me dis. A quoi bon hein ? Le même message, la même phrase, machine affreuse et parfaite ! Nom que désormais j’entrevois.

Du bleu, du beau bleu. Ce vase rond, d’un autre siècle est ici. Il s’étend tranquillement. Sans douleur, il est là, ne bouge plus. Tu me manques. Hermine, Toi à son bras vous êtes là, continuez. Un sentier granuleux, gris. Au bord, des arbres : saules. Chant, cantiques, bien triste non ? Bien fade non ? Une belle momie, des traits simples, tirés. Ma faute ? Non, oh non ! A toi désormais, source, fleuve.


Source belle d’effroi que jamais tu ne vis

Au loin tu t’étends et soupires.

Mais pourquoi ?

Oh non comment aurais-je pu ?

Tout est sensible et ici

Au fond d’un pourpre souvenir

C’est ton nom que je crie


Tout est beau sur la terre ? Faute, faute ? Mais à qui. Ici tu t’étendais, sentais le sable sur ta peau crisser. Dans cette affaire. Non, non ! Fou de toi, fou de toi. Tout est beau sur la terre ? L’univers, paisible, hurle, n’en peut plus. Mais, mais. Je te vois. Là, ici, partout. Tu tournes, t’enroules. Le ciel ? Une cime ! Foudre ? Crie, oh ! Crie ma douce. Jaloux ? Le temps, triste pêché. Fade ! Fade !


Sur ce poteau un jour tu soupiras, la route parée, on te retrouva. Revenir ? Revenir je ne sais. Bloqué ? Peut être, sûrement. Figure blonde, déesse d’une autre vie, d’un autre lieu. Peu de temps il me reste. Ton visage je le vois, n’oublie pas. Par la fenêtre, l’amour tel un azur blanc arrive, s’enfuit et heureusement, je te dis ce bien beau mot.

Un sombre lieu, tout serré. Pris d’un vertige sans fin, je tourne. M’écroule. Là, étalé sur un sol gris je te revis. Une dernière fois. Je ne pu m’empêcher, je repensais, te revoyais.

Un visage doux. Une figure blonde. Allemande un jour je te dis ! Oh non !


Je vis, me meurs, me brûle et te revois. Le monde entier ? Toujours là, une foule compacte, brune. Des têtes s’entrechoquant, me presser contre toi ? Mais comment ? Je t’ai perdue ici ! Dans cette danse macabre je ne te vois. Si je partais sans me retourner ? Le regret simple naissant, sourire ? Tu me fais bien rire, toi Hermine. Pour une nuit comment te dire. Vois-tu au loin. Un triste saule. Il s’étend, croupit dans ce fleuve larmoyant. Toi tu me dis vis. Royale, oh royale !


II


Etrange et délicat souvenir, je vous ai surpris. Marchant sur un petit sentier, pentu. Le vent frottait mon visage, collait ce noir à mon front, tristement, bien tristement. Au bord une belle falaise blanche. Au fond un azur de neige crissant éperdument. Quelle erreur, conscience meurtrie j’attendais. Sans espoir j’étais seul !


L’envie de cette belle place

Ote tout espoir.

Unique désir,

Injective sans fin !

Seulement ma chère

Enfin je vous revois


Je l’ai pris. Il était là. Le portant un long moment. Effort difficile. Il tomba, se fracassa. Eclatant, explosant, étincelle d’une vie. Ayant tout perdu, désormais piégé dans un brouillard épais, compact, que dire ? Ne voyant rien. Les mille couleurs s’en furent.


Il se promenait tranquillement, partout il observait. Dans cette ville il pensait, repensait. Avait-il bien fait ? Un décor gris, de biens tristes bâtisses. Voilé derrière ce souvenir il pleurait. Effleurant chaque moment, piqué à vif il souffrait. Avait-il bien fait ? Le regret naissant, germe chimérique lacérant son propre corps.

Comment vous conter son histoire ? C’est qu’il aimait. Ne sentant plus rien, ses organes pourris il avançait ici. Sur ce mur il vit son Nom. Tiens-toi droit ! Relève ton être !

C’est que contre toute attente il courut. Dès lors plus personne ne le revit, abruti, sombre abruti… Avait-il bien fait ?


III


Rêverie infini, devant tant de vulgarité que dire, que faire ? Tu le sais bien toi.

J’ai peur, tout ceci passant, se mêlant dans ce triste pourpre. Ce bel azur de neige naissant, pleurant. Mille couleurs, flamboyant de toute part. Bleu d’une triste terre, vert d’un avenir où tout semble aller bien.


Emprisonné sur la terre

Je te dis à toi

Aimes moi

Un jour c’est sur, on oubliera cette belle mer


Ne sachant plus trop, réclamant cette triste vertu je te crie aime moi !


IV


Cette femme se promenait là, tranquillement dans cet azur de neige blanche. Elle avançait. Ici, un étang, mignon. Une onde limpide, claire et brumeuse en surgissait. Regarde c’est ton reflet que tu y verras. Ne sois pas triste. Un visage blond, deux petits yeux mouvants. Que te dire après tout ? Je t’aime ?

Tes cheveux flottaient, le vent te frottait profondément. Piqué par une triste mélancolie bois l’eau, toute l’eau. Ne cherche pas, ne réfléchis pas, non oh non. Affable destin d’une autre vie quitte tout ça, n’y pense pas, je t’en conjure.


Il suffit de quelques secondes, le vieux poète s’effondra. On le transporta dans sa chambre. Là il mourut. Que dire ? Sa mort fut saluée.

C’était sur une longue plage, au bord de majestueuses falaises. Elles s’érodaient depuis tant de temps. Tout avait changé depuis sa première venue. Seul le ciel restait bleu, un bel azur de neige bleu.

Le souvenir resplendit jusqu’au dernier instant, jusqu’au dernier moment. Les galets immuables restaient. Gris, ronds ils rappelaient cette joyeuse enfance. Chaque hiver une promenade, un passage nouveau, une peur nouvelle. Jamais vous ne serez oublié, oh non jamais. Les marches étaient longues et difficiles, âpres en un mot.

La peur surgit ! La mer resplendissait. D’un gris bleu rien n’apparaissait. Défiguré par l’ombre solaire elle vieillissait, se ridait tout au long de la journée, recouvrant de voiles sombres chaque rêve. Les étreintes auraient ici été possibles.

Les morsures du temps te feront changer. Prend les, mêle-les. Rêve aux étoiles douce amie, c’est ton visage que j’y vis.

Thomas Debris

samedi 14 août 2010

05h00

Une discussion entrecoupée,

deux mots mêlés puis différés,

une lumière verte à l'horizon,

éclat de joie sans aucun sons.


Rien ne semble nous appartenir,

même les nuages tombant en cire.

Le poète pleure quelques mots

mais sa main seul en lui est frêle.


Les étoiles éclatent en sanglots

Lorsque le jour monte à l'échelle

Le crépuscule perd le concours.


Car si l'aube me promet la vie,

Je lui offre un baiser sincère nu d'euphorie

qu'elle chérira comme le jour.


Arthur Levassor


samedi 31 juillet 2010

Grande Ligne 8903

C'est sur le chemin de Nantes que l'on passait devant ces murs de brique et de broc. Tôt, lorsque le soleil regardait en oblique la cime des saules pleureurs, on apercevait parfois des animaux jaillir des totems touffus d'émeraudes. Puis soudain après le silence vert, le voyageur retrouvait anxieusement le bruit gris des citadelles à moitié abandonnée.Le désert vert rattrapait les densités urbaines avec facilité, l'affaire de quelques années finalement. Pendant que les incompris dessinaient des carottes sur les murs, j'étais réduit à attendre une salvatrice douteuse sur les coups de 9h. Plus grand chose ne s'animaient, parfois des regards, des sourires plus rarement, une taille entourée d'une jupe haute et un parfum oublié par un autre...


Arthur Levassor

mercredi 7 juillet 2010

obsession

Te souviens-tu de la rosée fleurissante ? Te souviens-tu de la triste mélancolie ? De ta chevelure noire je m’enfuis, me fuis. Et bien oui.

Les secondes défilent, rebondissent, tant de temps. Ce soleil caressait une belle mer, un léger mouvement la secouant, tu t’y frottais, tu y plongeais. Ce rire au fond perlait. Mais que dire ? Cercle vermeil à ton cou, je ne peux plus. Te raconter cette chanson, là où la musique pleure, là où la musique rit.

Qu’avons-nous fait ? Tout simplement, rien, rien !

Ils étaient là, au nombre de trois, immobiles, leur regard se fixait vers cet azur de neige. Des arbres autour d’eux. Ils frissonnaient, déployaient leur majestueuse sphère. La terre retournée. Là où tout s’enfonce, méandre continu, souvenir il se nomme. Sa couleur ? A chaque instant elle change, à chaque instant elle renaît. L’océan au loin criait, vermeil, vermeil ! L’orangé de chaque histoire se pointait. Hermine un homme à son bras se promenait, elle souriait. Au dessus, tout proche un regard de pierre l’observait, la contemplait. Une larme y perlait, y coulait. Le geste droit, le verbe doux, la lente clameur. Les cheveux recouverts d’une simple perruque, le collerait droit, l’habit sec. Il parlait sous les moqueries, une vertu dans l’âme et le cœur, il ne savait trop quoi faire. Sa mémoire ? Elle s’enroulait, se piégeait malheureusement dans la terre, oh oui malheureusement. Son nom ? Oublié, mais quel regard ! Quelle âme ! De l’audace il te manqua, de la clémence il te manqua. Crie, crie ! Dis à Hermine, tu l’aimes. Tu veux frotter tes pas sur le sol, tu veux fredonner, tu veux lâcher toute ta beauté, tout oublier. Dans le mouvement tu crisses. Le sable tu le connais trop. Une fleur à ton cou je t’oublie, c’est une jacinthe, une belle jacinthe.

Une belle vision de l’oubli, je t’y perds. Te reverrai-je ? Te souviens-tu ? J’imagine au fond que non, je n’étais pas tien. Dans l’azur de neige je repars, là où tout rebondit, là où chaque divertissement se retrouve. Adieu, n’ayant plus rien je ferme mes yeux , tes yeux.

Thomas Debris

mardi 22 juin 2010

la manœuvre

Je vois ses yeux torves un brin asphalte
derrière la pluie abondante qui me colmate
mes cheveux bestiaux sur mon front soucieux.
Je doute du gros barbu et de ces sonates,
de ces disques noirs et de ces platines mates.

La plume brisée en trois,
d'où l'encre s'éparpille,
flotte désormais sans moi
sur les manuels en pile.

Rictus joyeux aux lèvres
elle m'annonce les yeux plissés
l'infini de notre fièvre.

Une douce nuisance sonore
me frotte les tympans

Gris, bleu marine, jaune voire d'or.
Mes couleurs sont partagées.

Arthur Levassor

dimanche 13 juin 2010

que cherche-t-on ? (éditorial 1, #6)

« Et avec un ravissement exalté il crut comprendre
dans ce coup d’œil l’essence du beau,
la forme en tant que pensée divine. »


Ils croyaient qu’on leur avait volé tous les discours possibles. Tout avait été débattu, la messe était dite en toutes les langues, aucun point de vue n’était plus original. Le pour et le contre se côtoyaient dans la tombe et l’entre deux était toujours d’un fade stérile et inconséquent. Pourtant, quelque chose les démangeaient, comme un exéma dont on n’arrive pas à se défaire : ils voulaient encore parler. Ils voulaient encore parler, alors heureux et ensemble, ils choisirent une éthique du rien : sans plus rien dire qui ait du sens, pourtant ils parlaient. Désintéressés des préjugés et des choses subtiles mais déjà entendues, qu’avaient-ils à perdre en ne disant rien ? Après, la mise en forme était automatique. Elle découlait d’un non-sens qu’ils ne cherchaient pas mais qu’ils trouvaient spontanément, et plus beau que s’ils avaient voulu s’exprimer dans la contrainte du sens. Mais qu’est-ce que la parole en poésie ? Est-ce dire des choses, ou bien au contraire la parole poétique est-elle favorisée par le néant sémantique ? Cette parole pourrait se figurer dans un agglomérat de sons, dans une partie de ping-pong mentale où les adversaires seraient le faire voir et le faire sonner. La poésie n’est-elle pas une cinématographie courte et hallucinée à la recherche d’un beau ? La présence du sens sert à justifier un langage en vérité égocentrique, ici et là seul pour lui-même. La présence du sens dans le texte dissimule l’idée d’un langage assez altier pour réclamer sa suffisance. C’est masquer la vérité du signifiant se signifiant lui-même. Voilà un beau retroussement de manche pour un bon pugilat…

Tous les sujets en poésie ne sont-ils pas trop universels, n’ont-ils pas tous un peu traits à la même chose ? Le beau de la forme serait dire la chose d’une manière qui soit unique, la transplanter, lui donner un nouveau corps qui soit une structure belle, nouvelle et unique, se regardant elle-même au jeu de ses miroirs. Afin que le sens devienne le corps dont il se revêt, afin que l’esthétique ne devienne pas la bannière du sens mais le sens à lui tout. Intérêt, quel intérêt ? L’universel, la poésie le banni : seule la cristallisation de l’instant compte. La poésie purgée de l’universel propre à tous, trop commun, est une chose qui veut être fini et ne veut pas avoir d’égal.

Sens grotesque et vendu à tous, saisi-toi au vol à un moment de ton universel, disparais dans ta beauté unique et passagère.

Enzo Bossetti

mardi 1 juin 2010

un an jour pour jour

L’eau miroitait doucement, frottait délicatement ce beau rocher, une lumière reflétait ce paysage. La réalité s’offrait alors à nos yeux ébahis. Un an jour pour jour. Les morsures du temps te feront changer, te feront oublier lentement.
Des vagues se soulevaient, se superposaient. Ton cœur je l’imaginais. L’azur, rond et tranquille s’étendait au loin. Du bleu dans le regard, du vert dans les pas, de l’orange dans la tête, tout se mélangeant. L’instant flottait on ne sait trop où. Je ris et pleure de tout cela. Je ne peux oublier, je ne peux souffler, je ne peux pleurer. T’embrasser ? J’en rêverais. Se souvenir d’une nuit, un an jour pour jour. Moment sublime, me quitteras-tu ?
Tout recommence, tout se répète dans ce beau cercle vermeil. Les feuilles après être tombées, se relancent encore. La mort m’éclaire. Le beau s’assombrit, s’oublie.

Thomas Debris

splendide vertu

Ni remords, ni regrets, combien de temps. Verrais-tu tout ça cher ami ? Au bord de la falaise le monde est rond comme un jour tu me le dis. La mer tranquillement s’étend, les vagues se soulèvent, se superposent dans ce triste méandre. L’eau comme le ciel est bleue. L’eau comme le ciel reflète le soleil. Tes cheveux couverts par le vent flottent au loin, tu aimes les caresser. Ton beau visage sourit, tu ne sais plus trop après tout. Cela prendrait-il fin. Attendre n’est rien, les larmes sont vaines. Le même refrain un an jour pour jour, ici où tout est vert, sinueux, le même refrain, la même chanson, la douce mélancolie, tranquille. Penserais-tu au passé ? Au fond ne serais-tu pas un exalté, ne prendrais tu pas la vie dans toute sa folie, son absurdité ? Je ne sais plus trop seulement pourrais-je te répondre. Toi ici, encore, les cheveux au vent, encore. Dehors la tristesse m’attend, si sombre, si dure. Toucher le silence. Si seulement, si seulement. Le monde s’étend paisiblement, les pas cognaient un sol mou, gris. Je te laisse dormir, un peu de tendresse ?

Une prairie d’azur blanc, un ciel de neige bleu, des sillons rappelant cette mort. Mélancolique tu dis. Tout est possible ! Et oui tout est possible, crois, rend aux idées leur statut. La mer frottait ce paysage, la falaise s’érodait sous ce triste ciel. Le spleen s’emparant du jeune homme il rit. Ah Hermine si seulement tu savais, si seulement tu savais. Mon cœur pour ta mort je l’ai façonné. Pour tes yeux je l’ai détruit. Pour ta voix je l’ai construit. Deux personnes dans cette pièce. Ici lui l’homme ne sait plus trop, rêvant de l’embrasser il se pend, pense à Hermine et dans un dernier saut se suicide doucement. Seul le craquement de ce tabouret est entendu à l’autre bout du monde. Lui, il souffre, crie, heureux il n’en peut plus, heureux il te dit : « je ris mais toute ta vie les marques sur ton visage à mon absence seront due, quoi je meurs ? Et bien oui je revois chaque scène, prêt a tout revivre je te laisse un dernier cri ! La beauté est ici, son masque de pierre tombée je vois tout, le sert contre ma poitrine. Adieu haha ». Je ne suis plus amoureux des étoiles. Son désespoir je lui laisse lâchement, on coule, on revient et comme lui on se pend. Viendrais-tu me voir, toi Mathilde. Prénom par-dessus tout que j’aime. Ne mélange pas tout, je ne suis pas une femme comme ça. Tu viens me voir, je te laisse, te claque et crie à ce monde bleu : Aucun regret mais Robespierre à toi toujours je pense, Vertu rejoins moi, tue moi !
Paris, l’ennui 24 mai 2010.

Thomas Debris

jeudi 27 mai 2010

sonnet 3

Etre malade me rappelait ma solitude,
que la nuit était douce, que le jour était rude.
Comme les brindilles brulées qui crépitent sous l'amphore.
Mon corps abattu entendaient l'esprit des morts.

Triste tel le marin abandonné au port,
Et glauque ainsi des affamés sur un tas d'or.
Moi j'errais hagard entre le Nord et le Sud,
Je passais d'une souffrance à l'autre sans interlude.

Héritages anormal des incohérents sorts,
flétri comme un vieillard lassé par l'habitude.
La tête avait raison, le coeur avait lui tort.

Les pavés sales ne formaient chez les pans qu'un corps.
Je fixais la lumière basse d'un soleil soluble,
Et fiévreux, je délirais sur sa belle flore.

Arthur Levassor

mardi 25 mai 2010

vive vertu (éditorial n°5)

Ici où la contradiction si fit je puis seulement tout te raconter, tout te souffler. Là où le langage se désagrège, se dissout dans notre monde, la Poésie seule maîtresse. Comment te comprendre ? Te jeter cette pierre ? Le pourrais-je seulement à toi, oui toi. Le cœur te connaît trop bien, t’imagine trop bien. Des paysages il en aura vu : ces bords de Seine où l’eau tranquillement tapote les parois, ces soirs où tu rentres trébuchant, ces moments où ridicule tu avoues tout. Que dire, prendre corps, figer la glace du mouvement dans ton regard. Source belle d’effroi que jamais tu ne vis, tu brilles, t’enroules, te perds jusqu’à n’en plus voir le bout. Tu pourrais me dire oui à quoi bon ? Que te répondre, sois contradictoire, souffle sur ta vie, les disjonctions tu n’en as que faire. Je veux te dire, n’oublie pas ceci : je veux. Te prendrais-je pour un imbécile ? Oh non cher ami, prend corps dans la poésie, détruis cette vie de misère où seul tu te promènes, pleure chaudement dans ton lit.

La chanson bleue, l’entends-tu ? La ressens-tu ? Vois-tu tous ces souvenirs briller de mille feux. Vois-tu cette forêt où un jour tu te promenas ? Tout ça détruis-le, désagrège-le dans ta voix, oubli, transforme, crée et n’oublie pas : je veux.
Se presser contre soi tu me dis ? Sourire ? Le pourrais-tu ? Tu me fais bien rire. Comment te dire. Rien n’est à comprendre, sentir couler sur soi les mots, les illuminations divines de chaque phrase. Bientôt il ne suffira plus de tout ça.
Les lettres s’alignent ici, résonnent dans nos cerveaux, mais pourquoi ? Fruit pourri d’une éducation, tout résonne en un regard.
Un peu de raison après tout, que pourrait-il y avoir de mieux ? Je veux que tu me touches, je ne pense qu’à toi. Désagrège cette langue, oublie-la, détruis-la. Je te désire, mon grand projet. Aimer, ne pas aimer, est-ce la question ? Je ne pense pas. Mettre fin à tout ça. Sentir le soleil frotter notre peau, le prendre profondément, l’oublier, et ? Oui en faire ce que tu aimes, Vie, Poésie !

Thomas Debris

samedi 24 avril 2010

les vagues de mon esprit

Vagues d’eau salée sur le sable blanc.
Sable de l’été, sable ensoleillé.
Sable des étoiles, sable bienheureux.
L'eau murmure et vient, après s’être allée.
Le temps perd de son emprise sur moi,
Pourtant rythmé par l’implacable cadence des ondes aquatiques.
Pays de mon cœur et nuits de mon cœur.
La lune se reflète sur les horizons
Eclairant ainsi mon visage doublement.
Les vagues de l'été nocturne.

Vagues de pénombre électrique, lumière monotone.
Mur illuminé par cette ampoule agressive
Et rideau bon marché doucement agité.
Une danse gracieuse s’offre à ma vue dans la nuit froide.
Mon regard est prisonnier du reflet de mes instants passés.
Je fixe cette image bicolore, bien des éternités.
J'ai repoussé le sommeil grandissant.
La lumière désormais se reprend ;
L'ombre s'en va, plus loin, avant de revenir.
Alors, je m'aperçois que ce n'est pas l’image
Méditerranéenne qui berce mes souvenirs,
Mais bien sa parfaite inversion :
La lueur ondule et vibre au travers de mes fenêtres.
Aquatique est cette lueur,
Et plate est la noirceur.
Immobile et mouvementée.
Les vagues électriques.

Vagues de mes artères.
Je suis très remué, mon cerveau perturbé,
Soudain saisi par cette sensation : un flot bouillonne en moi.
Chaque cellule de mon épiderme
Est pressée par la houle de ma chair.
Je quitte un instant le sol des réalités.
Je m’envole, monte et plane dans les airs,
Côtoyant songes et nuages.
Quel bonheur, quelle ivresse !
Les mesures de mon cœur en harmonie,
S'accordent aux magiques mélodies,
Dont l’air est désormais comblé.
Les vagues sanguines.

Vagues fluides poussées par le vent.
Mon visage caressé par la brise sombre.
Les premières douceurs du printemps s’en vont à ma rencontre.
J’observe maintenant, les soupirs de la rue.
J'observe les passants, la chaleur bienvenue.
Je suis pleinement satisfait.
Bientôt s’en iront neige et froid,
Et les vagues belgiques,
Feront place aux bien aimées vagues de l'été.

Pierre Faussurier

mardi 30 mars 2010

colloque de simultanéités

Aux abords luxueux de la galerie Vivienne
S'ennuyaient deux rois vers dans le tohu-bohu
Se lamentant brisés de n’avoir rien à dire
Affre usité obscène aux curieux saltimbanques :

Craquetant la coquille je sirote mon blair
Et salue obliquement le pli de mon mouchoir
Six rats cuvent pépères au petit matin blanc
Tripotant les papilles d’un sultan mal rasé

Sirocco ! Trimbalant les broutilles amères
Chipe d’un pack de 33 les billes ostracisées
A rebours remontant leur colline de verre

Quand sur l’eau le marin envisage la berge
La catin sur le lit dévisage la verge
L’assemblée clos le bec pour que le clergé clerge

Enzo Bossetti

vendredi 26 mars 2010

retour à pied

Les bambous qui frottent sur les stores
et les rideaux gris qui saluent.
L'âme qui ne touche plus le corps
mais le flacon vide sans cohue.

Quatre dents blanches sur mes lèvres
et une silhouette nue.
Les lourdes écharpes remuent les souvenirs attristants.

Les lumières arrondies au coeur de l'horizon,
devancées par les trains acrobates des rails,
scintillent en cadence sous l'air épais du plomb.

Venus, enfin voilée par le ciel de corail,
crapahute dans l'eau calme caressée par le temps.
Danse sordide de cette femme où s'amuse un enfant.
L'amour ne se pâme que pour les incidents.

Arthur Levassor

vendredi 5 mars 2010

lola

Pour les belles choses que tu me donnes
Et toutes les autres que je te dois,
Pour les façons inexpliquées
Qui font deux âmes une seule loi,
Deux beaux accords une seule chanson.

Un air fragile, une simple idée,
Deux cercles noirs au fond d’une tasse,
Deux cigarettes qui se consument, médianes
Entre le crépuscule et l’aube,
La nuit ainsi d’un voile tissée,
S’envole et nous tendant les voiles,
Composant l’aube de rêves à prendre.
Laissons les astres tracer les arcs
Pendant que nous faisons les formes.
Ainsi nos lettres s’épousent si bien,
A l’œuvre égale de nos pensées
Qui comme un manifeste,
Se manifestent : instants épars,
Moments semés en fond d’un jour.

Lola, si tu vois jusqu’où vont les Appalaches,
Oranges au soir, blancs à l’éveil,
Laisse les nuages happer nos rêves
Apaches et nous irons plus loin qu’ici.
&
En cadence rythmée sur de grands chevaux blancs,
Niant les larmes et les joies tristes :
Zéphyr allant toujours plus loin que plaine, et nous,
Oniriques visages, aux yeux toujours plus francs.

J’irai d’une extrémité à l’autre, de l’illimité qui nous unit.
Enzo Bossetti

jeudi 4 mars 2010

révolution (éditorial n°4)

Poésie mère de l’éphémère, fille de l’éternel. Piégée dans une lutte dangereuse la poésie est bloquée, enchaînée… Deux évènements se contredisant, se battant à mort. Une solution, une unique solution : la destruction, la révolution. Révolution ? Oui pour sortir grandit et atteindre la gloire la poésie devra tuer mère ou fille. Que choisir ? Poésie force créatrice, force nouvelle doit faire table rase du passé, accepter le changement. Tuons l’éternel. Pour cela faisons la révolution. Seule réponse possible.

L’éternel tient solidement entre ses mains, ses enfants, ses créatures. Le mouvement brusque est nécessaire. Rêvons, introduisons nous en son sein, pervertissons le autant qu’il nous pervertit. N’y accordons plus d’importance. Le combat sera dur, difficile. La poésie armée de sa fille renversera cet ordre. Comment ? Par la lutte ! Par le sentiment ! L’intégrité !

Une fois l’éternel mort, desséché, l’éphémère se chargera de la gouvernance. Le risque est alors grand, commence la Terreur… Il devra écouter sa mère, ses conseils, ne pas sombrer dans la folie. L’ordre nouveau instauré n’ayant jamais rien connu de tel l’éphémère devra se méfier de lui-même. Seule la poésie pourra avoir conscience de la situation. Au fond d’elle loge l’éternel, son père. Elle connaît sa folie.

Un nouveau danger apparaîtra propre à ces périodes de conflit. La maladie ! Maladie de désespoir, de peur et de mort. Comme tout pouvoir l’éphémère ne voudra lâcher les brides de l’homme. Afin de les maintenir il fera tout en son possible, gaspillera son énergie et finira par sombrer. Dans sa convalescence il prendra peur. Je vais mourir se dit-il. Plus rien n’a alors de sens pour lui. Un beau matin il mourra dans l’oubli. La poésie elle dans son désespoir se suicidera. Quel triste destin, bien loin de la gloire rêvée.

Eviter cela c’est prévenir l’éphémère. La poésie se chargera de cette délicate mission. Elle lui rappellera son essence, lui donnera goût en la vie. Ainsi elle donnera naissance au Beau. Elle l’éduquera, lui insufflera les nouvelles vertus. Arrivé à maturité il siègera au côté de l’éphémère. Celui-ci illuminé n’aura plus peur. La révolution aboutit la Terreur peut cesser.

Le poète après avoir traversé tous ces tumultes pourra enfin mourir dans la gloire éternelle. Dans la contradiction et l’opposition il s’est construit c’est aussi ainsi, que vieillit il mourra.

Thomas Debris

regard intérieur (éditorial n°3 )

Poésie ? Avec elle, Sentiment éphémère. Désormais pourquoi écrire, pourquoi ça ? Machine affreuse et parfaite, une sensibilité de la mort et après ? La Poésie une éternelle question, un éternel soupir, une éternelle répétition. Ne pas trouver un sens, non. Un but non plus. La vie, oui. A elle et seulement à elle la Poésie peut se confier.

Faire de la poésie je le pense et ne l'impose pas c'est regarder profondément à l'intérieur de soi, du sujet. Toute chose extérieur avant de se poser sur le papier doit passer par un je immense et incontournable. Le Sentiment, le souvenir chaque élément que la Vie nous offre doit passer par soi et est rigoureusement transformée. La poésie n'est pas l'Art de la destruction du je, c'est son amplification. Au fond de soi se trouvera l'universalité, l'absolu tant recherché. La Beauté de la Poésie réside en cet élément : machine humaine et seulement humaine.

Etre poète c'est donc la capacité à trouver l'absolu en sa propre pensée, son propre corps....

La sensibilité nous est strictement réservée. Sans une liberté absolue la poésie n'a plus de raison d'être. Une liberté particulière, la liberté du je. Les règles de la Poésie ne sont pas à rejeter c'est à chacun de les voir comme une voie possible, déjà tracée.

L'art poétique c'est donc ça être libre face à soi et l'extérieur, seulement, nous sommes humains peut être trop humain.

L'éternel est là au fond de la Poésie et rien ne l'en délogera, jamais.

Thomas. Debris

Mort des Sentiments (Editorial n°2)

Dans une société où rien ne vit la poésie n’a plus sa place. Devant une désacralisation de la mort que faire. Tout s’en va dans une béante indifférence. Les sentiments n’ont alors plus d’importance tout semblant éternel. L’éphémère n’est plus de mise en tout cas en nous. Les objets nous accompagnant sont jetables ; nos sentiments ne valent plus rien. Créer une poésie jetable ? Non !
Ecrire de la poésie en sois aujourd’hui, c’est souffler sur la crasse des habitudes, que découvrir ? Une peur de la mort, un nouveau mal du siècle ou chose plus improbable l’amour. Je ne sais pas. J’ai peur. Jours et Nuits alors tout s’enchaîne sans en voir le bout. Partout le même refrain. La vie alors toujours revient. Le corps renaît. Les sentiments se ravivent. La poésie se relève. Le caractère de tout çà alors flamboie, la mort revit et prend son sens. De l’éphémère sortira la Beauté absolue de la mort, du souvenir et des sentiments.
La poésie va capter la brièveté de l’instant, le sentiment d’où un rejet du travail et la première incompréhension.
Retrouvons nos sentiments, redonnons une valeur à nos souvenirs, l’avenir. Rêvons. La Poésie alors dans sa grande majesté repoussera.
Thomas Debris

Poésie fanée... (Editorial n°1)

La poésie doit être une, tout oublier. La raison doit s’en aller, laisser les sentiments, ne plus avoir qu’un corps en phase avec ce monde plein de rumeurs et le papier ; oublier le sommeil se jeter dans cette entreprise d’un grand éphémère ! Lâcher les souvenirs, ne faire plus qu’un avec les couleurs du corps. Poésie, l’une des capacités les plus noble de l’homme dans son individualité égoïste, absolue et l’envie d’unifier matière et univers.

Comment écrire plongé en soi même tout en prenant le monde, ses amours et envies. Aventure contradictoire qu’est la poésie ; je n’en suis pas sûr. Je ne dis pas avoir raison celle-ci m’ayant quitté. Tout ça n’a plus de sens, juste ce que l’homme ressent au fond de lui. Que je serais heureux si l’alchimie de notre écriture pouvait vivre en une pierre, un rayon de soleil. Ils verraient autre chose qu’eux même et nous l’existence, d’un autre Lieu.

Ce qu’est la poésie ; une machine affreuse et parfaite !

Thomas Debris

lundi 1 mars 2010

Historique d'une nuit

La rue s'effondre et fait place au soleil gris d'hiver. Ce sont les enfants qui nagent dans un bonheur verglacé alors que boussoles et montres ralentissent leurs cadences si parfaites. Une longue pente en métal se profile en face de moi, pas à pas, peu à peu, je glisse vers une chaleur éphémère. La cigarette me brule les yeux tandis que les filles m'irritent la trachée encore prise par le froid d'un triste passé. L'eau sur le désert des labelles et la glace sur les vestiges de mes sentiments. La cage en béton hébergeaient encore mes espoir soudains. J'y suis enfin, un peu perdu au milieu de ces visages amicaux et connus. Bref, la tête dans les nuées grises et bleues, j'arrive finalement au coeur du massacre, la vie à profusion, l'espoir aussi, la joie surtout. Les rires en arpège et les les cris en crescendo. Un peu comme les marins dansant sur leur pavillon, ici, tout le monde se prend, au jeu. L'illusion est partout mais je crois l'avoir perdue. Seulement, après un détour dans l'escalier, une personne. Les files verts dans les cheveux, les roses au bord de la gorge, le voile troué sur les jambes. La vraie vie semble se présenter timidement à moi. Je discute avec un passé à ma gauche et une tristesse derrière moi, le tout au dessus d'un cendrier débordant de mégots conjoint d'un gobelet rempli à la moitié d'une bière sans bulle. Une tentative de reconstruction pleine d'arrière-pensées tout de même sincères. Je fais allègrement quelques demi-douzaines d'aller-retour clair/obscur pour obtenir mes dizaines de minutes de pétillantes discussions. Je pense en fait que l'euphorie alcoolisée vient de me frapper. Les rires sont sincères même si leurs causes le sont moins, le macrocosme entre nous était fait. La montre se réchauffe et sa cadence s'accélère, je dois me serrer la ceinture, m'échouer dans la zone industriel, accompagne toujours et pourtant bien seul. Un au revoir chaleureux, la suite les pieds dans la neige et le vent sur la peau.

Arthur Levassor

La Rose Blonde de Montparnasse


Elle était cette beauté que l'on pense froide alors que le coin de ses lèvres révélait une nouvelle dimension, un tropique glacé que l'humanité avait sans doute déjà oublié. Une heureuse chaleur qui occultait la tristesse et blâmait l'horreur.

La plissure de son sourire m'offrait un horizon joyeux où les rêves étaient seuls vrais.

Disparaître là-bas.

La fin des soucis et le début d'une vie. Un regard pour remplir le flacon et un sourire pour le faire déborder.

Juste magnifique cette femme.


Arthur Levassor

Sans Rien


Que sais-tu du triste inconnu ?

De la mort qui frappe derrière ma rue ?

De la devanture aux femmes nues ?

Que sais-tu d'un possible salut ?


Les kilomètres gelés

Tu les gravis au triolet


Mais que sais-tu de l'abus

des larmes d'un bon cru ?

Du suicide sans du ?

D'un café dans nos rues ?


Tu n'as rien compris du monde,

ni du beau ni de l'immonde.


Arthur Levassor

Blason

Les formes harmonieuses de son bel organe

affluent vers mes yeux ; du regard je sonde

Les mignonnes courbes qui le fondent,

Des virages bâtissent sa figure si naturelle


Le siège de l'odorat de ma naïade

épanouit ses sens et les miens.

Il semble si doux, de soie ou de lin.

Il éveille mes sens, il ravive cette pléiade.

Ce sensible promontoire

s'élève suavement d'un radieux visage,

et différent des autres arts,


il anime d'une beauté sage

les expressions de ma muse,

les desseins et sentiments de ma nymphe.


Arthur Levassor

L'éruption Sensible


Sens-tu cette présence ?

Cette main bandant ton corps ?

La muse découverte ne dit plus de sornette

quand ses sens lui donnent un sens.

Que faire de la raison et de ses questions !?

Que faire de l'inconscient et de de ses pulsions !?

La vie n'est guère que sans passions.

L'accomplissement d'un don physique,

Engendre en nous l'apogée d'une puissance métaphysique,

celle-ci nous brûle et nous réchauffe

mais l'amour nous garde, sauf,

dans des mondes arides et rudes;

Les cachots de l'Habitude...


Arthur Levassor

Substance


Tristes plaines et mélancoliques prairies

Hall de mes souhaits et de mes envies

Comment me passer de ton mate préau ?


Tyran de mes lubies

Haret calme, regarde moi !

Ce que tu vois est toi !


Ton regard est le mien,

Humeur vitrée ou aqueuse,

Cornée ou cristallin


Tu es tout moi, lorsque je rêve

Heureux, je te ressemble

Coquet, je m'évade du monde.


Arthur Levassor

Voie

Contrée merveilleuse c’est ici que je vous aperçus, en compagnie de sublimes créatures vous vous étendiez. Bien loin de la triste tempête, grise, tumultueuse. Mais que dis-je. Pourquoi tant te regretter cher mouvement, cher combat ici où tout est beau. Le temps passe, oui passe, s’étend paisiblement là bas, au fond derrière ces arbres.
Encore plus loin il y a la mer où j’aimerais t’emmener. A deux on ne peut survivre. Sur un radeau nous nous aimerons, nous enlacerons très chère.
Et toi mon ami, que fais tu ? Je t’ai perdu mais toujours tu me suis, n’oublie pas cela, la marque de tes pleurs sera en moi, seulement en moi.
Belle femme, comment vous décrire, vous voir. C’est que les larmes sont rapides, faciles en votre compagnie. Vous vous élevez impétueusement en cette douce prairie où tout est plat. Les sillons ont depuis bien longtemps quitté vos parages. Une certaine mélancolie dans votre regard tombant. Vos yeux marrons, abruptes me rappellent cette tempête que je ne peux oublier. Vos cheveux eux aussi foncés tombent sur vos fines épaules. Votre visage, un songe au goût orange. Bleu ? Non, non et encore non, pas ça, pas cette couleur d’une autre vie d’un autre lieu. Pourrais-je aimer ? Je ne le sais, un peu trop personnel après tout.
C’est ici qu’éternellement je désire m’étendre, moi aussi, en compagnie de mon dernier compagnon accomplir cette tâche. Tu me haïras mon ami, mon très cher ami. Mais que puis je dire ? Je t’aime tout simplement, les marques que porteront ton visage à mon absence seront dues, éternellement, crois moi, crois moi…
1er Janvier 2010

Thomas Debris

Azur

Oui, écrire ce texte encore une fois, ce beau texte, encore une fois…

Dans un étrange chaos je me suis promené. De bien tristes couleurs, bien pâles : gris, bleu, vert, jaune ! La réalité alors s’enfuyait. Chaque pas, chaque respiration n’était alors plus que son horrible reflet, le temps ! Oui le temps. Le sentiment poussé à bout hurle, oppresse. Le corps d’habitude si résistant ne peut plus. Il souffre, se contracte, a peur… Les pleurs, rugissements salés explosent. Eux aussi ne peuvent plus. Ils doivent disparaître, poids d’une existence éternelle, ils fuient.

Rien ne s’offrait à mes yeux. Mélange confus de couleurs, d’odeurs je ne voyais qu’une chose, une unique chose. Nette, précise, claire. Tranquillement étendue, ne se souciant guère de ce profond chaos. Mais pourquoi une chose ? Que dis-je ? Elle ne mérite pas ça, malheureuse Beauté. Un regard sombre, des cheveux sombres, une parole sombre, une âme ?

Serait-ce ça la réponse ? Ma présence ici serait explicable ? Sûrement, peut-être, à quoi bon. Je suis bloqué.

Folie de mon désespoir je compris ce que je vis. Astre compliqué, étoile, soleil on te nomme c’était toi. Tu me réchauffes le cœur, me fait oublier la Mort, l’hideuse Mort. C’est avec elle, j’en suis sûr ! Tout serait oublié, pardonné. Le vent cesserait tout comme le mouvement, j’en suis sûr !


Thomas Debris

Amour Et Haine

Le ciel était bleu, quelques nuages épars, le froid était là.
La nuit fut courte, désormais nous attendions un effroyable destin devant nous. Cet amour je l’avais toujours dans le cœur. Avec moi mon ami, une femme belle, brune, les yeux verts. Je ne connaissais alors que trop peu le son de sa voix. Comme devant tous ces êtres beaux j’avais peur.
Partis sans vraiment s’en rendre compte vers la mort nous parlâmes. Pas d’ennui, pas d’amour malheureusement mais peut être cette petite lueur d’espoir. Lueur crachant de petites flammes discrètes rouge vif. Le paysage autour de nous sans intérêt. Des arbres grands, verts. De la neige blanche ; un peu trop faible. Une heure de notre temps passa, je ne vis pas tout ça, je ne voyais plus mon cœur.
Arrivé au banc de l’histoire avec elle je sortis une cigarette, nous fumâmes. Autour, une foule de gens différents mais se ressemblant pourtant je ne sais pourquoi. Au loin une série de bâtisses. Rien alors ne présageait ne serait-ce qu’une once de destruction. En briques grises elles étaient là tranquilles ne se souciant déjà guère plus des hommes et de leur histoire.
Elle, je la regardais, la désirais.
Ressurgit comme un mauvais rêve cette autre qui si longtemps me hanta. Elle aussi était belle, elle me souriait, m’appelait, je n’en voulais pas…
Le vent soufflait, se pressait contre nos corps. Tous ensembles nous avançâmes. Regroupés dans une grande pièce d’un non lieu pathétique nous reçûmes appareils aux fonctions étranges, exotiques.
Parés pour le non-retour, chacun se tut une douleur dans l’âme. A la manière d’une œuvre théâtrale tous prirent un rôle. Lui avait les traits tirés, l’autre s’efforçait d’oublier. Mais elle plantée là était encore plus belle, magnifique. La tristesse donnait à ce visage quelque chose, une pureté que jamais je ne vis. Sa figure avait une petite moue renfrognée, son corps droit une noble posture, ses yeux perdus dans le vague. Côte à côte nous marchâmes. En y réfléchissant je ne voyais pas grand chose, une seule envie alors, un seul rêve lui prendre la main, la serrer, m’y réfugier, la baiser. Pris aux pièges entre Mort et Souffrances les numéros défilaient, dans mon esprit ils ne faisaient que rebondir. De pâles couleurs dans le corps et l’âme, seule cette main semblait porter la vie. Ayant froid elle mit un bonnet sur sa tête. Il plaquait certaines mèches de ses cheveux contre son front. Un peu de côté certains passaient devant ses yeux. Pourquoi ne pas l’avoir embrassée ? Peut être ce lieu si exigu, si puant m’en empêchait-il.
Nous rentrâmes dans ces tristes bâtiments. Un sentiment indescriptible, rappelant aux hommes la faiblesse des mots m’empoigna. J’étais faible, perdu entre ma race et le ciel. Pourtant je pouvais marcher, écouter, me concentrer. A une fenêtre je m’arrêtai, observai le ciel quelques instants, des nuages défilaient poussés par le vent. Je les enviais. Subitement un oiseau passa et m’offrit de chauds petits cris. Au même instant, un chat discrètement marchait contre un mur. Son pelage noir taché de blanc me rappela que la vie ici à la manière des sentiments reprenait place.
De mon ami je n’entendis pas un mot après le passage d’un portail aux trois mots maléfiques. Là je le vis à quelques pas, l’observai. Un mal se pressait dans son corps. Il ne tiendra plus longtemps. Ne pleurs pas. Zigzagant entre douleurs et vie il continua, disparu. Cette femme à l’allure légère aussi se perdait. Devant le destin de si nombreuses vies elle ne savait que faire. Tant d’horreur, plus de valeurs. Les instants s’enchaînaient, douloureux et se ressemblant.
Au bout d’un moment nous passâmes devant un drôle d’objet en bois. Rectangulaire il s’élevait vers le ciel. Simple il consistait en deux poutres vielles, grinçantes soutenant une barre de bois elle aussi vieille, grinçante. Au sol de petites planches constituant un plancher étroit. Ici passa le premier mal d’une vie. D’ici la beauté s’était enfuie. Emu, ne pouvant courir je ne pus retenir que larmes et cris.
Face à nous le dernier spectacle de notre passage dans un arrière monde profond. Sous un monticule de terre où l’herbe depuis longtemps avait poussé les valeurs avaient disparu. Plein de courage m’aidant du peu de chaleur resté en moi j’eus la force d’entrer. Là de petites pièces grises, profondes, humides s’étendaient. Horreur tout s’accéléra ! Je passai ! Piégé par la mort je finis par m’arrêter devant une étrange machine. Pressé à l’intérieur l’espoir avait depuis longtemps disparu. Je ne pus m’en détacher qu’après un long instant, un long moment. Je ne voyais plus rien, sortis heureusement. Le soleil violent alors cogna ma peau.
Les secondes passèrent, défilèrent. Mon ami sorti, son visage défiguré. Il s’éloigna des hommes. Ses pieds cognaient plein de haine contre le sol. Je m’approche. Les pleurs reprirent leurs droits. Je le serrai contre moi. Il répondit contre mon épaule. Cria sa colère. Remercions la vie lui dis-je, aimons la, acceptons cette punition. Jamais je ne t’oublierai je le promets. Petit à petit il se détacha, parti, quitta ma vue.
L’objet de mon désir réapparut. Pas un regard nous marchâmes. Pensions nous à tout ça ? Voyait-elle la vie que pour elle j’hébergeais ? Je ne sais pas. Depuis peu j’avais tout oublié déboussolé par de si affreuses visions. Le temps alors encore une fois défila, passa.
Dans une cour que le sang jadis caressa nous écoutâmes la voix de la vie, émouvante mais commençant à faiblir. Elle nous rappela à tous notre devoir. Je n’en pouvais plus, je me retenais contre ce mur que j’aurais aimé voir disparaître. Fin.
Reprenant la route de nos petites tracasseries je parlais avec mon ami, on souriait, s’aimait. Echappé au sort de la malédiction nous reprîmes la route du mal. Cette fois plus diffus, étiré on ne sait où.
Après s’être rassasiés nous arrivâmes alors dans un lieu semblable, similaire dans le fond. Cette fois le terrain était grand, s’étendait vers l’azur. Au moment d’une lutte finale, Elle ; me demanda mes vertus. Ne sachant quoi faire, je lui offris sous les moqueries. Elle partit rassurée, une certaine chaleur dans l’âme et le corps. Pourquoi ? Encore une fois ? Ne pas l’embrasser ? Désormais elle était bien loin un peu réchauffée par mon présent. Malgré l’agressivité de cette nature endolorie je n’avais pas froid. Le souffle de mort ne me touchait pas, ne m’émouvait pas. Le corps et l’esprit ne peuvent retenir tant de souffrances. Les détails affluant, afin de me protéger je n’écoutais plus, ma pensée ailleurs. La poésie aurait pu m’aider, malheureusement elle aussi avait disparu. Seul une réalité nue s’offrait à nos yeux ébahis. De pièces en pièces, après tant de pas nous continuâmes une certaine fatigue dans le corps. Un lacement de l’âme. Le corps toujours capable de supporter marches et courbatures ne voyait pas tout ça, seul l’esprit occupé par son propre mal entrevoyait les Scènes. J’étais seul, mon ami et cette femme avaient disparu. Autour de moi un Univers boueux, souffrant, rétracté à la destinée de nos vies s’étalait pitoyablement, traînant dans lui même. Chère amertume n’oublie pas ceci, ne pleurs pas, je t’en supplie.
Nous finîmes mon ami et moi par parler. Nous rigolions je ne sais pourquoi. Nos pas cognaient un sol mou, nos yeux ne voyaient plus rien. Un désir, une envie : oublier.
Longtemps nous marchâmes, le corps finit par reprendre son emprise. La fatigue vint, seule la souffrance de tant de vies me maintenait debout. Une victime de cette cruauté nous accompagnait. La bestialité de son destin révolu m’effrayait, pourtant je l’admirais.
Nous finîmes par arriver dans un grand bâtiment. Là j’y vus de si nombreux corps, entassés, flétris, méconnaissables. Tous empilés ils essayaient de trouver repos. Ils criaient plein d’effroi, soufflaient une douleur immonde. Je partis.
Le ciel se couvrit, les nuages reprenaient place. Avec mon ami nous continuâmes notre route. De temps à autre cette femme nous rejoignait, j’étais alors entre les deux. Elle portait des bottes, marrons. De jolis motifs dessinés dans le cuir remontaient son tibia, je m’y perdais. Je ne pouvais plus me détacher d’Elle, sa présence me rassurait, me retenait. Toujours le même refrain pourtant encore inconnu quelques heures auparavant. Nous voguions dans un brouillard épais. La foule compacte peu à peu reprenait parole.
Les heures, elles, ici fidèles à leur destin croupissaient, s’ennuyaient. L’illusion de tout ça était depuis longtemps tombée, je distinguais encore plus mal toutes ces formes. Devant nous s’élevait un grand bâtiment, lui aussi gris, ses murs d’une couleur continue, granuleuse. Pas une fenêtre, pas un bout de vie. A l’intérieur une multitude d’images échouées depuis peu dans le méandre du souvenir. Je ne pouvais rester, mon esprit se bloquait, ne pouvait continuer. J’attendis dehors, sous le ciel mon ami à mes cotés. Soudainement un être singulier apparu. Il semblait avoir quitté les siens. Son sourire, sa démarche me rappela mon ancienne vie. Petit, une allure imposant à tous la vie, la voix franche il parla. Ses paroles je ne les entendais pas, absorbé par un gouffre contradictoire, amour et haine je n’entendais rien. Un nom au bord des lèvres, le Sien, une envie au bout des mains ; détruire.
A partir d’ici je me souvins de peu de choses. Notre nouveau compagnon après avoir combattu sa raison nous suivit. Son premier sentiment fut la peur, peur que tous nous connaissons, l’oubli de notre mort.
La foule après cette pénible procession finit par se rassembler au bord d’un petit étang tranquille, connaissant de près la mort. Nous écoutâmes à nouveau de belles paroles mais cette fois ci teintées de joie. La mort de nous s’éloignait, la vieillesse quant à elle à grands pas nous empoignait. Moi ridicule à tous je tournais le dos, en vain j’essayais de rallumer cette flamme respectueuse du souvenir. Après un long silence l’objet de souffrances repartit. Avec un grand soulagement nous reprîmes la route du retour. La nuit nous avait couverts de son voile. Je ne distinguais plus ses beaux yeux.
Nous quittâmes tout ça, un poids sur le cœur j’avais changé, étais transformé. Mon ami assis derrière dormait, sa raison en avait trop vu, le repos s’imposait à elle. Nous n’étions plus que deux l’un à côté de l’autre. Je voulus me réfugier dans les histoires d’un autre siècle, je ne pu, les lumières de toute existence s’étant éteintes. Elle et moi n’avions plus qu’un choix, une alternative : le silence. Elle me regardait, son regard me brûlait, son odeur m’empoignait. Je ne retenais plus rien, tout me quittait. Après une dernière lutte, une dernière souffrance je m’endormis dans la tristesse. Pourrait-elle m’aimer ? La fin de cette vie approchait à grand pas, je ne pu lâcher qu’un dernier cri, un dernier rêve pour ce je cru mes derniers instants.

Un mouvement brusque, une douce pression sur l’épaule, mes yeux s’entrouvrirent. A ma grande déception toujours je vivais. Encore endolori par tant de souffrances je ne pouvais bouger.
Au fond de moi, un grand bonheur s’étendait tranquille, serein. Quoi ?
Elle m’aimait, avait répondu à mon amour durant mon sommeil ! Sur mon épaule elle s’était éteinte, tranquille, sereine. Je pu mourir, ma vie enfin accomplit. J’y jetai un regard rapide, clair. Cela aura en valu la peine pensais-je.
Ma dernière sensation fut sa tête, son bras contre mon épaule, mon bras, nos souffrances apaisées…


Adieu Amour, Adieu Haine, Adieu…
Thomas Debris

Sentiment

Une fleur, un parfum.

Toi reposant sous la neige

Tu t’écries : que puis-je dire à la fin ?

Moi exclu assis et pris au piège

Je rie et m’enfuis.

Semblable à mille autres toiles

C’est pourtant toi que je fixe

Regrette, pleurs et voile.

Une fleur, un parfum.

Une vague, un bruit.

Dans ce port où tu quittes la terre

Je te poursuis et t’aime.

Comment t’appelles-tu déesse ?

Tes cheveux bâtards que tout sème

Tu les as oubliés. A part peut être cette raison

Plus rien ne compte.

Le soleil est rare, le vent est bon.

Une vague, un bruit.

Une tige, un souffle.

Le vertige d’une passion durera t-il ?

Cueillir après une si longue vie à reproduire

Ton souvenir si volatile

Un jour figerai-je ce visage oublié ?

Ce regard si beau trouvera t-il refuge en ma mémoire.

Après tout, peut être ; il ne sert à rien.

Scander ton nom, pleurer une fin, que croire.

Une tige, un souffle.

Un souvenir, tes yeux.

Une existence que je regrette tu t’endors dans le ciel

Voyage de mon cœur jamais je ne t’oublierai.

Tu pries, rêves et danses sous la grêle

De la rumeur tu as peur et t’effraies.

Je ne peux rien.

T’aimer.

Le siècle se finit et demain ?

Un souvenir, tes yeux.

Un bord de mer, une falaise.

Au creux de l’eau je me promenais

Toi à côté tu rêvais et ne m’aimais point.

Les vagues déposant leur écume éphémère

Dans tes yeux je m’enfuyais, me perdais tel un vaurien.

Les souvenirs surgissant

J’oublie,

Te mens.

Un bord de mer, une falaise.

Un instant, une éternité.

Tout miraculeusement disparu.

Plus que toi, ton regard

Moi perdu.

Illusion d’un cœur trop rare

J’en fis une maladie

Les pleurs dureront-ils ?

Douce clameur, douce vie.

Un instant, une éternité

Impossible, mon amour.

J’écoute, je ne sais où je vais

T’ayant tranquillement rejeté

Encore une fois je me retourne, me tais.

Chaque jour tu t’informes

Pas l’once d’une prière

Pour ce que je nomme

Impossible, mon amour.

Des sentiments il en va comme de la vie, ne pas les rejeter, les cajoler. Un mot, un cri :

Laissez place !


Thomas Debris