dimanche 17 janvier 2016

À la fin de l'Europe


Les eucalyptus pointaient vers le soleil, les racines fermement plantées dans le sol aussi sec que les feuilles grises et longues qui le jonchaient. Le long de la nationale tremblotaient des bâtisses éventrées par le temps et ses intempéries, témoins d'une ère révolue, où l'on quittait la façade atlantique de la péninsule ibérique.

L'empire flamboyant, aux frontières pourtant si vieilles, n'avait pas su être à l'heure du jour, alors ses habitants le laissaient pour d'autres pays, pays où l'on vivait souvent avec une heure d'avance.
Mais même en ces apparences désolées, notre parcours familiale fut pavé de joies et de danses, de vies de bonheur cristallisées au pied de l'autel. Oui, tel était le voyage, régit par les rires des ainés et des jeunes, par les dents de lait, de bagues et de couronnes. Tout dansait, au mitan de la nuit pluvieuse d'été, entre les vins verts et les volumes citronnés de Cachaça. Les rythmes latinos et caribéens épousaient si bien nos pas d'européens, contre toutes attentes. Pourquoi parler quand on peut danser, sourire, se tenir la main et se regarder ?

Les retours de fêtes sont toujours si agréables, on peut y voir les paysages défiler aux éclats de lune et de lampadaires et nous apporter les conseils que la nuit ne nous délivreras pas, trop occupée à nous bercer et à nous border.

Arthur Levassor