jeudi 27 mai 2010

sonnet 3

Etre malade me rappelait ma solitude,
que la nuit était douce, que le jour était rude.
Comme les brindilles brulées qui crépitent sous l'amphore.
Mon corps abattu entendaient l'esprit des morts.

Triste tel le marin abandonné au port,
Et glauque ainsi des affamés sur un tas d'or.
Moi j'errais hagard entre le Nord et le Sud,
Je passais d'une souffrance à l'autre sans interlude.

Héritages anormal des incohérents sorts,
flétri comme un vieillard lassé par l'habitude.
La tête avait raison, le coeur avait lui tort.

Les pavés sales ne formaient chez les pans qu'un corps.
Je fixais la lumière basse d'un soleil soluble,
Et fiévreux, je délirais sur sa belle flore.

Arthur Levassor

mardi 25 mai 2010

vive vertu (éditorial n°5)

Ici où la contradiction si fit je puis seulement tout te raconter, tout te souffler. Là où le langage se désagrège, se dissout dans notre monde, la Poésie seule maîtresse. Comment te comprendre ? Te jeter cette pierre ? Le pourrais-je seulement à toi, oui toi. Le cœur te connaît trop bien, t’imagine trop bien. Des paysages il en aura vu : ces bords de Seine où l’eau tranquillement tapote les parois, ces soirs où tu rentres trébuchant, ces moments où ridicule tu avoues tout. Que dire, prendre corps, figer la glace du mouvement dans ton regard. Source belle d’effroi que jamais tu ne vis, tu brilles, t’enroules, te perds jusqu’à n’en plus voir le bout. Tu pourrais me dire oui à quoi bon ? Que te répondre, sois contradictoire, souffle sur ta vie, les disjonctions tu n’en as que faire. Je veux te dire, n’oublie pas ceci : je veux. Te prendrais-je pour un imbécile ? Oh non cher ami, prend corps dans la poésie, détruis cette vie de misère où seul tu te promènes, pleure chaudement dans ton lit.

La chanson bleue, l’entends-tu ? La ressens-tu ? Vois-tu tous ces souvenirs briller de mille feux. Vois-tu cette forêt où un jour tu te promenas ? Tout ça détruis-le, désagrège-le dans ta voix, oubli, transforme, crée et n’oublie pas : je veux.
Se presser contre soi tu me dis ? Sourire ? Le pourrais-tu ? Tu me fais bien rire. Comment te dire. Rien n’est à comprendre, sentir couler sur soi les mots, les illuminations divines de chaque phrase. Bientôt il ne suffira plus de tout ça.
Les lettres s’alignent ici, résonnent dans nos cerveaux, mais pourquoi ? Fruit pourri d’une éducation, tout résonne en un regard.
Un peu de raison après tout, que pourrait-il y avoir de mieux ? Je veux que tu me touches, je ne pense qu’à toi. Désagrège cette langue, oublie-la, détruis-la. Je te désire, mon grand projet. Aimer, ne pas aimer, est-ce la question ? Je ne pense pas. Mettre fin à tout ça. Sentir le soleil frotter notre peau, le prendre profondément, l’oublier, et ? Oui en faire ce que tu aimes, Vie, Poésie !

Thomas Debris